dimanche 25 août 2013

Gros succès pour la conférence de Grégor Marchand sur l'histoire des chasseurs-cueilleurs de Téviec





D'abord : nous sommes désolés pour ceux qui sont arrivés à l'heure indiquée dans nos programmes, et ont trouvé la salle déjà obscure. Car la conférence a commencé vers 20h45, alors qu'une partie de notre communication indiquait 21h comme horaire... On (on = nous l'AREP) s'est encore trompés, comme pour l'AG. Sorry...
Donc ce soir-là, samedi 24 août, il était question des fameux hommes et femmes de Téviec. "De renommée internationale", nous explique Grégor Marchand, chercheur au laboratoire Archéosciences de l'Université de Rennes 1 - CNRS. Pourquoi ces squelettes sont-ils si connus ? Au point que Téviec a donné son nom : le Téviecien, à cette période de l'histoire des hommes ?
Revenons en 1928-1930 : une famille de quincaillers de Nancy, les Péquart, fait des fouillesarchéologiques dans un gros tas de coquillages qu'ils savent être datés de plusieurs milliers d'années (grâce aux travaux précédents d'un certain Félix Gaillard, archéologue à Plouharnel). Ils s'attendaient à trouver dans ces restes, des signes d'une civilisation très ancienne. Ils ont été surpris de mettre à jour 23 squelettes, assez bien conservés, soigneusement parés : ocre, vêtements, bijoux... ce qui montre un art consommé de la cérémonie funéraire.
Et puis la guerre est passée par là, la famille Péquart  a été discréditée (Saint-Just Péquart a été fusillé au lendemain de la Libération, sa femme et sa fille emprisonnées...), et leurs travaux ont été largement dispersés : on retrouve des squelettes de Téviec un peu partout en France, certains avec deux tibias droits, un autre étiquetté "homme" alors qu'il s'agit d'une femme..., bref oubliés jusque dans les années 1980. Là on retrouve sur un plateau télé,  le plus jeune des fils, Claude Péquart, qui vient réhabiliter le travail de ses parents. Agé de 10 à 12 ans au moment des fouilles, Claude était chargé par son père de filmer les travaux et la vie rudimentaire de cette famille d'archéologues, amateurs mais passionnés. De nombreux chercheurs, de nombreuses disciplines, ont commencé à "collaborer" (j'ose ?) pour étudier de plus près les squelettes de Téviec. Parmi eux, des médecins légistes ont détecté que les deux squelettes de femmes conservés à Toulouse portent de nombreuses traces de coups violents sur le crâne... Il reste beaucoup d'os à observer, d'objets funéraires à décrire, mais déjà, en comparant des sites similaires de cette époque mésolithique, et en faisant référence à des tribus plus récentes de chasseurs cueilleurs d'Alaska, on peut approcher de manière raisonnable les conditions de vie de ces hommes, femmes et enfants, qui furent nos ancêtres, qui furent les premiers habitants humains de Penthièvre.

Au fil de la conférence, Grégor Marchand nous a fait voyager dans le temps pour rencontrer ces quelques familles regroupées momentanément au sommet d'une butte, pour y chasser et y pêcher. Chasser quoi ? des cerfs, des sangliers, des phoques et des oiseaux marins. Pêcher quoi ? Des vieilles, des dorades, des raies, des requins hâ et des coquillages. Cette occupation pacifique de l'îlot de Téviec a très peu duré, environ 150 ans, à la fin du Mésolithique, entre 5400 et 5300 ans avant JC (Jésus-Christ, pas Jean-Christophe, qui n'existait pas encore...). C'était juste avant l'avènement du Néolithique et de ses majestueux alignements de menhirs. "Mais à part les chiens, présents dans les deux civilisations Méso- et Néolithiques, il n'y a que des différences entre les deux".  Un peintre de Belle-Ile, Gérald Musch, a reconstitué dans un tableau un autre village de ce même Mésolithique, avec le même style de vie, qui fait en ce moment l'objet de fouilles minutieuses auxquelles participe, évidemment, Grégor Marchand. C'est le site de Beg-er-Vil, situé à Quiberon entre la thalasso et le casino.
Sur le tableau de Gérald Musch, on voit un rivage, puis un chemin qui monte vers un village : quelques tentes autour d'un gros tas de coquillages. Ce gros tas de coquillage, c'est à la fois la poubelle du village et son cimetière. C'est là où l'on met les coquilles des coquillages consommés, et là où l'on enterre, avec beaucoup de soins, les morts de la tribu. Et c'est cet amas coquiller qui a préservé les os de l'acidité du granite, qui partout ailleurs en Bretagne a dissous les squelettes de nos ancêtres. L'amas coquiller du site de Beg-er-Vil n'a pas encore livré de squelettes, mais les nombreux objets trouvés nous apprennent beaucoup sur la vie à Téviec.
"Il faudrait revenir fouiller sur Téviec", dit Grégor. "Surtout pas ! Ne touchez pas à notre île..." répondent les Penthiévrois, venus en masse (au moins la moitié des 120 personnes présentes) participer à cette soirée. N'empêche que les questions ont fusé, très pertinentes, montrant que chacun sait déjà une partie de l'histoire. Venu chacun avec sa parcelle de savoir, ils ont retrouvé sur 1 heure de temps, un résumé  abondamment illustré de tout ce qu'ont écrit les chercheurs de France, de Paris, de Toulouse et d'ailleurs (la plupart des articles scientifiques sur Téviec sont écrits en anglais). Grâce aux propos clairs et abondamment illustrés de Grégor Marchand, nos invités ont compris en 1 heure ce qui s'est passé il y a 7400 ans, sur cet îlot de Téviec, qui redevient un lieu sacré de septembre à juin.
Ce matin à Téviec, les oiseaux parlaient encore de l'histoire du caillou.


Pour en savoir plus
- L'île bretonne de Téviec était une scène de crime il y a7400 ans", ainsi débute cette vidéo :
http://www.youtube.com/watch?v=tguv9xEBUtU

- Voir aussi la vidéo réalisée par l'Espace des Sciences, qui nous a permis de faire connaissance avec Grégor Marchand pour, ensuite, l'inviter à St-Pierre-Quiberon
http://www.dailymotion.com/video/xmy87s_midi-espace-des-sciences_tech

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